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FABIEN GIRAUD AND RAPHAEL SIBONI

THE OUTLAND

FABIEN GIRAUD AND RAPHAEL SIBONI  THE OUTLAND

source: archiveshelenedanticwordpress

The Outland (2009) est le simulacre d’un simulateur de crash, une boîte noire montée sur vérins dans laquelle on ne peut pénétrer. Le visiteur, cantonné dans un rôle de spectateur, doit se contenter d’observer les mouvements de l’engin accompagnés d’une musique « tragique et gabber » qui témoigne d’une catastrophe dont il se met à imaginer les désastres. En nous plaçant volontairement en dehors, les artistes soulignent une réalité de notre environnement : la violence n’a pas besoin d’être feinte, vécue par procuration, on vit déjà dedans.

Processus d’exclusion, violence, débauche de moyens, référence au jeu… ces éléments sont récurrents dans leurs pièces et dessinent une néoculture dans laquelle la conciliation des antonymes est une règle voire une religion.

Le ressenti d’exclusion est provoqué par le dispositif attaché à l’oeuvre ou par des références culturelles précises. En 2005, pour la vidéo The Straight Edge, F.Giraud filmait le public d’un supposé concert au groupe invisible et dont on entendait la musique que de façon très fragmentaire. Il restait principalement le son des corps qui se percutaient dans un pogo chorégraphié à la violence magnifiée. Totalement extérieur à la scène qui se déroule, le regardeur séduit prenait peu à peu conscience de son inculture face aux codes associés aux amateurs de punk. De son côté, R.Siboni réalisait en 2007 Kant tuning club, sorte de conte initiatique d’apparence obscure où Deleuze mangeant un kébab côtoyait la culture tuning interrogée en tant que pratique sculpturale.

Basse ou haute culture, chez Giraud et Siboni, les échelles de valeurs n’ont pas cure. Dans tous les cas, si on ne maîtrise pas les codes de ces groupes, on vit un certain désappointement. Par les rapprochements proposés, ils mettent en avant une évidence : on peut à la fois regarder Flash Gordon et lire Nietzsche, la culture se construit de façon complexe à partir de figures plus ou moins glorieuses rencontrées par chacun, le tout baignant dans un climat de banalisation de la violence.

Au fil de leurs productions, il se dessine le portrait en creux, ou du moins l’écho, d’une figure tutélaire contemporaine. Lorsque, dans une société, l’on casse les codes que dictent une haute fonction, lorsque l’on attribue du mérite au rien, il devient nécessaire de chercher à combler le vide laissé et peu importe si la réponse appartient au domaine du fictif. Il se construit alors un répertoire de personnages piochés dans les modèles disponibles, que ce soit dans l’actualité, le cinéma, les héros virtuels de jeux… Friendly Fire (2007), leur première collaboration, est une vidéo présentant des groupes d’individus qui se livrent un carnage aux relents de conflits actuels mêlés à des jeux vidéos. Des hommes armés, prêts à tout, jusqu’à laisser leurs vies, pour défendre on ne sait plus trop quoi. La même année, ils présentaient La double paroi (Un hommage à Michel Lotito), une pièce impressionnante pour laquelle ils avaient découpé en petits morceaux puis reconstitué, à l’aide de colle, un Cesna 150, rien de moins qu’un avion que le dit Michel avait ingurgité, morceau par morceau, sur une période de deux ans. Un exploit (une folie ?) pour le coup extraordinaire, qui rend cet homme hors du commun. Autre figure charismatique, Darth Vader, démultiplié en centaines d’exemplaires dans l’installation Last manoeuvres in the dark (2008), comme une tentative d’incarnation du mal ultime et peut-être un écho à la volonté de certains de désigner un « axe du mal » dans ce monde …

Un univers sombre, d’accès parfois difficile, auquel les artistes ont malgré tout attribué une incroyable capacité d’attirance. En effet, leurs pièces sont dotées d’une facture démesurée et extrêmement esthétisée, à l’image des 300 masques de Darth Vader en terre émaillée de noir et disposés en position pyramidale, développant ainsi une séduction du désastre qui piège le regardeur.
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source: sevresoutdoors

Fabien Giraud (né en 1980) et Raphaël Siboni (né en 1981) vivent et travaillent à Paris. Issus des pratiques du documentaire et du cinéma, Fabien Giraud et Raphael Siboni se sont rencontrés à l’ENSAD. Après un passage au Fresnoy, ils débutent leur collaboration en 2007 à la biennale de Lyon. D’un questionnement initial sur les communautés contemporaines et les modes d’individuation qui les travaillent, leur démarche s’ouvre progres- sivement à une redéfinition systématique de la notion même d’expérience artistique.
Leurs oeuvres ont récemment été présentées au Casino Luxembourg Forum d’art contemporain, au Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, au Moscow Museum of Modern Art, au MONA – Museum of Old and New Art (Tasmanie, Australie), au Palais de Tokyo à Paris et au Vox centre de l’image contemporaine (Montréal). Ils exposent actuellement au CEEAC (Strasbourg, France), à la Villa Arson à Nice et prochainement, à la Biennale de Lyon.

Fabien Giraud (born in 1980) and Raphaël Siboni (born in 1981) live and work in Paris, France. Influenced by the practices of documentary film and cinema, Fabien Giraud and Raphaël Siboni met at the National School of Decorative Arts. After attending Fresnoy – Studio of Contemporary Arts, they began their collaboration in 2007 at the Lyon Biennale. Their approach, which began by questioned contemporary communities and their processes of individuation, progressively unfolded towards the redefinition of the very notion of the esthetic experience.
Their work has recently been exhibited at Casino Luxembourg Forum d’art contemporain, at Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou, at Musée D’Art Moderne de la Ville de Paris, at Moscow Museum of Modern Art, at MONA – Museum of Old and New Art (Tasmania, Australia), at Palais de Tokyo in Paris and at Vox centre de l’image contemporaine (Montréal.) They are currently taking part to exhibitions at CEEAC (Strasbourg, France), at the Villa Arson in Nice, and will soon participate to the Lyon Biennale.

L’OEUVRE

« Nous n’avons pas grandi dans une époque mais dans une condition. (…)» – Fabien Giraud et Raphaël Siboni

Le travail de Fabien Giraud et Raphaël Siboni considère un monde mouvant, fluide, un paysage hydraulique où tout coule, ruisselle et fuit. Cet univers, c’est celui de la rivière et du fleuve. Cet écoulement, c’est celui de notre condition. Ce symptôme, c’est celui de notre temps. Le postulat de leur travail est donc ce paysage liquide aux variabilités infinies. L’oeuvre n’est plus qu’une variable dans un système nommé, selon le cas, exposition, institution, situation. La singularité n’est plus qu’une fonction parmi d’autres de cet ensemble dynamique.
Les artistes extraient de ce tout à la liquéfaction, une voiture, compressée, puis décompressée à la main. En référence aux années 90 et à ce paradigme de la relation comme forme, Fabien Giraud et Raphaël Siboni envisagent malgré tout la possibilité d’un événement : interrompre la condition. En arrachant, le temps d’une exposition, cette voiture de sa logique ternaire de création, destruction, récupération, ils suspendent le mouvement du flux et instaurent les conditions d’une apparition. À la fin du temps qui leur est imparti, la sculpture, retournera dans le flux du monde.
S’inscrivant dans la droite ligne de leurs questionnements sur la redéfinition de la notion même d’expérience artistique, interrogations débutées avec The Abduction (2008) à la biennale de Santa Fe, prolongée en 2009 avec Sans Titre (The Outland), à la Force de l’Art ou le feu d’artifice d’une seconde pour l’ouverture de la FIAC (Sans Titre, 2009), Fabien Giraud et Raphaël Siboni révèlent le flux de notre condition.
– Claire Deltheil, Extrait du communiqué de presse de l’exposition «La Condition» – galerie Loevenbruck, 2010.

“We didn’t grow up in an era, but in a condition. Time was a process. Space was a device.” – Fabien Giraud et Raphaël Siboni
The work of Fabien Giraud and Raphaël Siboni takes into account a shifting world, a hydraulic landscape that gushes, trickles, and seeps. This is a universe of rivers and floods. This overflow is our condition. This is a symptom of our time. The premise of their work is this liquid landscape with infinite variations. The work is only a variable in a given system, according to the circumstance, exhibition, institution, or situation. Singularity is only one component amongst others in this dynamic whole.
The artists have sifted a car out of its world in liquefaction, which they have compacted and then, by hand, decompacted.
Refering to the 1990s and the paradigm of the relation as form – they contemplate interrupting this condition despite all the risks of this event. By uprooting a car from their logical site of creation, destruction and recuperation, for the duration of an exhibition, the artists freeze this movement in flux and establish the conditions of an apparition. At the end of their allotted time, the sculpture that stood momentarily return to a the world in flux. – Claire Deltheil, exhibition «La Condition» (extract, press release) – Loevenbruck gallery, 2010.
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source: sundancetv

Artist duo Fabien Giraud and Raphaël Siboni’s latest installation “The Outland” was admirably received by the crowds at the recent La Force de l’Art 02 in Paris, France.

The Outland is a large black box, perched atop hydraulic legs, that bounces and dives unpredictably, shudders and shakes, tips and wobbles, to the point you might be afraid it will fall over. It is in fact a flight simulator ride, with no door and no external markings. As soon as you learn that, the box becomes more and more intriguing, inciting imaginary flight paths as you try to reconcile the visible movement of the box with what sort of vision the imaginary audience inside would be experiencing.