highlike

Jennifer Lacey & Nadia Lauro

Les Assistantes

Jennifer Lacey & Nadia Lauro

source: arts-spectacles

Jennifer Lacey & Nadia Lauro (USA/FR)
“Les Assistantes” “In an imagined draft there is no contradiction in wishing to live both alone and together at the same time”, according to Roland Barthes in his definition of imagination. In “Les Assistantes”, choreographer Jennifer Lacey and fine artist Nadia Lauro fathom out anew the utopia of the collective in which the individual does not have to limit his/her personal freedom. They create poetic and at the same time concretely physical takeovers of the individual into the community. As is to be expected from Lacey and Lauro, “Les Assistantes” is not simply a one-dimensional confrontation. Instead it cleverly plays with many layers of meaning and the consequences of a utopian idea.
.
.
.
.
.
.
.
source: impulstanz

Chorégraphe américaine basée à Paris, Jennifer Lacey développe ses propres travaux à partir de 1989 et engage en 2000 une collaboration privilégiée avec l’artiste plasticienne et scénographe Nadia Lauro. Elles créent en duo plusieurs pièces aux frontières de la danse et de la performance, parmi lesquelles This Is An Epic (2003) et mhmmmm (2005), accueillies au Centre Pompidou.
Lieu davantage que spectacle, Les Assistantes traquent le désir utopique d’être ensemble sans rien céder de sa liberté individuelle. « Les Assistantes s’essaient à créer une forme poétique et somatique de
l’absorption du groupe par la personne, de la voix par le chœur. On peut voir dans cette réflexion une tentative de récapituler l’histoire des rapports entre les corps organiques et les corps sociaux que nous
sommes. On peut y lire aussi un questionnement très actuel sur le corps considéré d’un point de vue intérieur… soit comme un habitat charnel. »
Agnès Izrine.

Jennifer Lacey conception chorégraphique
Nadia Lauro conception visuelle
.
.
.
.
.
.
.
source: lestroiscoups

Qu’est-ce que la « danse contemporaine » ? Tout et son contraire : à la fois les ballets de Nijinsky, les spectacles de Pina Bausch, de Merce Cunningham, de Raimund Hoghe… ou la dernière création de Jennifer Lacey et Nadia Lauro. « Les Assistantes » s’inscrit autant dans le registre de la danse que de la performance, en mêlant moments chorégraphiés et situations quotidiennes. Il s’agit d’explorer le rapport entre l’individu et la vie en communauté. Bien que le propos soit intéressant, rien d’extrêmement novateur vient étayer cette conceptualisation du quotidien. À moins que j’ai raté quelque chose d’essentiel…

Avec un spectacle comme celui-ci, tous les critères de la critique sont chamboulés. Les attentes du spectateur ne sont pas systématiquement satisfaites, et ceci dès le départ. Une des danseuses nous prévient : « Il va falloir combattre la tentation de partir pendant le spectacle. Ce n’est pas forcément mieux ailleurs ». Au moins, on est prévenu !

On s’attend à du mouvement, on a du texte. Lorsqu’elles parlent au public, les danseuses ne sont pas toujours très audibles. Erreur technique ? Non ! Pas dans un théâtre comme celui du Centre Pompidou, où tous les moyens techniques sont mis à la disposition des artistes. En outre, la scénographie se révèle très soignée. On peut donc en déduire que ne pas utiliser de micros relève du choix artistique. Peut-être que la voix, comme le corps, ne peut s’encombrer d’artifices inutiles. Peut-être que le sentiment de frustration du spectateur fait partie intégrante du spectacle. Peut-être… Mais, résultat : on n’entend pas tout, et c’est énervant.

Lorsqu’elles déclament toutes ensemble des textes insensés mais innocemment poétiques, les danseuses captivent davantage leur auditoire. Mais ne leur faudrait-il pas quelques leçons de jeu pour dire le texte avec un peu plus de naturel ? Sauf si ces maladresse de diction signifient quelque chose que je n’ai pas compris…

Parlons maintenant un peu de danse : peu de mouvements que l’on peut qualifier de « dansés » dans le sens traditionnel (traditionaliste ?) du terme. N’empêche que, de temps en temps, quelques fulgurances, des pirouettes venues de nulle part surgissent. Dans ces moments-là, la force de la danse s’empare d’un corps, le possède. Et aussi rapidement qu’il était venu, le mouvement se meurt pour laisser la place à la routine du quotidien.

Le spectacle n’est pas dénué d’humour et de finesse, mais il incite aussi le spectateur à l’ennui. Certaines personnes ne résistent pas et s’éclipsent avant la fin règlementaire. Pour ma part, je reste. J’accepte de m’ennuyer un peu, pourvu que quelques pépites de beauté soient dénichées entre deux bâillements. Et, heureusement, quelques moments valent l’attente. Les danseuses s’emparent d’instruments de musique dérisoires, et font de la musique futile et touchante. Certaines séquences a priori ennuyeuses deviennent des tableaux très vivants : les danseuses, très concentrées dans l’accomplissement d’une tâche insignifiante, donnent à leur action une dimension poétique.