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DENIS TRAUCHESSEC

De urbi mutanti

Denis Trauchessec de urbi mutanti

source: celesteprize

Analysing behaviors in the city, I’m interested in ways to appropriate a place and mark it. I use scientific resources to go further than usual human perception. Each work develops different layers in a single question : global scale, human scale and infinitesimal one are linked in a same form.
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source: denistrauchessec

Denis Trauchessec développe une pratique protéiforme où l’aléatoire se confronte à des présupposés scientifiques, où le sublime côtoie une forme de dégénérescence. Prenant très souvent des faits scientifiques – qu’ils soient chimiques ou mathématiques – comme matrice de son travail, le jeune artiste (diplômé de l’école des beaux-arts de Bordeaux en 2011) aime à jouer avec les attentes du spectateur, inscrivant sa démarche « entre des éléments socio-politiques et des réactifs culturels pour obtenir un produit critique. »

Ainsi, avec Personal Geographic (2011), Denis Trauchessec met en œuvre un système mécanique, si ce n’est corporel, qui modifie notre appréhension et notre lecture de l’espace public : à l’aide d’un mélange d’acide phosphotungstique et de soude, il s’approprie de façon singulière une cartographie urbaine en transformant des traces d’urine imperceptibles en une nuée de tâches abstraites de couleur bleue, comme autant de traces éparses disséminées dans la ville, témoins d’une déambulation nocturne, à l’image d’une géographie insoupçonnée révélée à cette occasion, où les métaphores relatives à la géographie sont empruntées à l’anatomie humaine.

Dans une dynamique similaire, De urbe mutanti (2012) propose un changement radical d’échelle mis à l’épreuve d’une transformation chimique. Tel un précipité, un cristal solide de nitrate d’argent se forme dans un bocal. Il s’agit en fait d’une structure en cuivre qui reprend à l’échelle 1/1000 le plan du quartier dans lequel l’œuvre est présentée. Cette mutation infime renvoie à l’évolution éminente et continue des pôles urbains, inscrivant le travail de l’artiste dans d’incessants allers et retours d’échelle.

À la fois acteur et observateur aguerri, Denis Trauchessec analyse des situations et des espaces soumis à une forme d’aléatoire, à l’instar de Point G (2012), projet de recherche pour lequel l’artiste se transforme en véritable laborantin, questionnant les rapports de logique – devrait-on dire les rapports de force ? – d’œuvres d’art présentées au sein d’un même espace et faisant apparaître par-là même les tensions et autres enjeux financiers liés à leur monstration non seulement dans un espace donné mais aussi à l’échelle parfois complexe du monde de l’art. Par un jeu mathématique à la fois savant et décomplexé, Denis Trauchessec ouvre comme un espace de pensée, un laboratoire de tous les possibles.