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jonathan sitthiphonh

coquille

jonathan sitthiphonh  coquille

source: jonathansitthiphonh
UTOPIE MÉCANIQUE:
Laboratoire de machines imaginaires…
À partir de matériaux de récupération j’élabore des mécanismes simples que je mets en application dans des machines insolites.
Icare01Mes recherches portant sur les mécanismes du mouvement et les interactions possibles entre l’utilisateur et l’appareil, je mets en place des dispositifs qui viennent se greffer sur le corps, tels une prothèse qui viendrait prolonger un membre. C’est alors que le mécanisme s’active ; suivant le mouvement de l’Homme, la machine s’anime donnant naissance à un être hybride renvoyant souvent à la mythologie.
L’ensemble de mon travail se présente sous forme de laboratoire où les prototypes ratés côtoient les projets en cours, où les formes ne sont pas figées, mais sont destinées à évoluer dans le temps. Je les améliore sans cesse grâce à de nouvelles techniques, idées et expériences.
C’est une réflexion sur le corps humain et comment l’améliorer par soi même. Une obsession de devenir plus qu’un Homme qui fini par échouer…
En effet, malgré la fonctionnalité et l’efficacité des mécanismes mis en place, mes pièces demeurent fragiles et contraignantes pour l’utilisateur. Au lieu d’améliorer ses capacités physiques, elles les restreignent. Cet échec est l’objet même de ma démarche artistique. En effet mon travail témoigne des limites de l’Homme en utilisant un vocabulaire artistique dans une démonstration logique : l’absurdité d’un dépassement humain par des moyens humains.
Finalement, ces sculptures dont les fonctions réelles sont limitées, font appel à l’imaginaire afin de s’accomplir en tant que machines.
C’est une Utopie.
“Les machines de Jonathan Sitthiphonh pourraient rappeler l’univers S.F. – les robots exosquelettes dans les films de James Cameron, notamment. Par leur archaïsme, elles pourraient aussi rappeler l’ingénierie léonardienne. Coincées entre le mythe d’Icare et le post-humain, elles matérialisent un rêve de dépassement des limites humaines. Mais sans l’exaucer.
L’entreprise de l’artiste est ambitieuse, motivée. Il réalise minutieusement, à la main et avec des matériaux de récupération, ces prothèses en perfectionnement.
Malgré les prouesses, elles restent fragiles et inefficaces, vouées à l’inertie. Elles n’atteignent pas le but pour lequel elles sont construites.
Que l’artiste se soit détourné d’un parcours scientifique pour intégrer le monde de l’art, révèle sa lucidité sur ses échecs. Ne pourraient-ils pas, d’ailleurs, être une fin en soi ? Les belles machines, techniquement ineptes, conservent un pouvoir d’évocation et un potentiel imaginaire. Si elles tendent vers un dépassement des moyens humains, elles en célèbrent justement les limites. Elles sont le fruit d’une ambition revue à la baisse. L’artiste assume pleinement sa position de Da Vinci du dimanche, libéré de la performance, du progrès, du génie. Il persévère dans la précarité et l’imperfection avec enthousiasme, mû par un désir de bien faire et faire rêver. En cela, il réussit“.
Sébastien Martins, assistant d’exposition au Palais de Tokyo.