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Manon Oligny

Fin de série

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source: ftaca
Des filles en série luttent contre leur formatage et leur disparition annoncée. La résistance s’organise : les corps se cabrent, les filles standardisées deviennent des femmes sauvages. Une collaboration avec l’auteure québécoise Martine Delvaux (Les filles en série. Des Barbies aux Pussy Riot, 2013).

La difficulté d’être femme, entre pulsions naturelles, stéréotypes et autres carcans, traverse l’œuvre de Manon Oligny depuis 1993. Que leur prison soit physique, mentale ou relationnelle, les héroïnes de ses créations chorégraphiques mènent une lutte acharnée pour échapper à l’enfermement, sous l’œil impuissant du public souvent placé dans la position du voyeur.

BIOGRAPHIE COMPLÈTE
Puissance et vulnérabilité de la féminité

Ainsi, les femmes animales de Pouliches et de l’installation de L’Écurie étaient autant déchirées entre l’être et le paraître que les prédatrices de Tartare. Et le combat des Icônes, À VENDRE en catalogue — qui dénonçait au passage la marchandisation du corps et de l’art — était tout aussi vain que celui des filles formatées de Fin de série. La physicalité brute d’une danse rageuse et sensuelle, alliée à des environnements sonores tapageurs et des scénographies originales, traduit la dimension viscérale des enjeux et la force du conflit identitaire qui se joue entre désir d’émancipation et soumission aux diktats de la norme et de la tradition.

Les collaborations interdisciplinaires avec des auteures comme Christine Angot et Nelly Arcan, des acteurs, réalisateurs et artistes numériques marquent aussi le travail de la fondatrice de la compagnie Manon fait de la danse. Avec cette œuvre présentée au FTA, elle poursuit ses recherches sur la sérialité, amorcées en 2009 avec Blanche-Neige (pas selon Disney !) et nourries par l’ouvrage Les filles en série de Martine Delvaux, devenue collaboratrice à la dramaturgie.
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source: manonfaitdeladanse
Depuis le début, la compagnie Manon fait de la Danse aborde des sujets qui confrontent le corps aux limites de ses capacités physiques et morales pour susciter la réflexion du public, chercher le regard critique et attiser l’imaginaire. L’art de la danse contribue à pousser la réflexion et à ouvrir l’esprit.

Tout d’abord, Manon Oligny croit en une vision anthropologique et sociale du corps dansant pour lequel elle a élaboré, au fil des ans, un langage singulier et une parole porteuse de sens.

Puis dans une démarche conceptuelle s’intéressant autant au fond qu’à la forme, elle questionne les dispositifs scéniques et le rapport scène/salle avec des propos tranchants qui sondent les espaces psychologiques et les sphères spirituelles.

Elle attache beaucoup d’importance à l’écriture chorégraphique du corps dans l’espace en abordant essentiellement la question de l’identité, de la mélancolie et du statut de la femme en sacralisant et désacralisant le corps dansant mis en scène sous différentes coutures et déchirures charnelles. Son discours sur la féminité ne se limite pas seulement à examiner son rôle dans son rapport à la société, mais de parler d’elle pour elle-même, de son accomplissement personnel et de l’importance d’être soi où chacun, chacune peut se retrouver dans cette lutte.

Le mot qui revient souvent dans son travail chorégraphique est dissonance.

Il exprime une gestuelle urgente et sans dentelles, qui pousse les âmes et les corps aux quatre vents, propulsés sur scène à la rencontre d’un état limite, panique, aux frontières de la force et de la sensualité. Ses œuvres colorées et complexes dépeignent un éventail de charges émotives et de fragilité. Manon Oligny s’inspire aussi des contes de fées pour exalter la symbolique qu’ils véhiculent dans l’inconscient collectif.

Ses œuvres chorégraphiques sont, pour elle, représentatives d’un récit émotionnel maîtrisé, juste et utile, et elle concède un rôle important dans son travail de création à la dramaturgie et à l’écriture chorégraphique sous la forme d’une théâtralité non narrative.

Les technologies numériques lui permettent de placer ses idées et son travail aux frontières du réel et de l’imaginaire, terrain propice aux allégories, pour faire naître des œuvres poétiques et acides. Elle voit le travail chorégraphique comme un miroir de nos interrogations, de nos exaltations et le corps dansant se trouve là pour exprimer le chaos de nos pensées et l’insoutenable légèreté de l’être…