WEN FANG
文芳
Mahjong
source: paperblogfr
Les « briques » de Wen Fang ont déjà conquis une jolie renommée internationale. Rencontre avec la jeune artiste qui vit et travaille à Pékin
C’est avec ses visages d’ouvriers imprimés sur des briques de ciment grises que Wen Fang s’est fait un nom dans l’univers de l’art contemporain. Parce qu’elle trouvait le papier « trop lisse » et « sans lien profond avec le contenu des photos », Wen Fang a entrepris d’explorer de nouveaux supports pour ses images. « Pendant cent ans, on a imprimé des photos sur papier, on les a mises sous verre et affichées sur des murs, je souhaite que pour les cent années à venir, les photos sortent de leur cadre, s’impriment sur toutes sortes de supports et vivent leur propre vie d’objet » explique-t-elle.
Née à Pékin en 1976, à l’aube de la période des réformes, Wen Fang a grandit dans la capitale chinoise. A 18 ans déjà, avec son premier appareil photo, elle mitraillait sa ville et ses habitants : photos de copines dans des immeubles à l’abandon, sur des gravats ou dans des chantiers, portraits de sans-logis, des passagers du métro auxquels elle « volait » un regard, son appareil dissimulé derrière un parapluie. S’enchaînent des études à l’université des Beaux-arts de Pékin et six années à travailler comme Web Designer. Mais elle rêve de France, « le pays de l’Art » pour elle. Elle s’inscrit alors pour une année de cours à l’Alliance française, puis part une année à Lyon, une autre à Paris, sur les bancs de l’Ecole Louis Lumière, en deuxième année de photographie. De cette expérience, sa première confrontation avec l’Occident, elle dit : « J’ai découvert qu’il n’y avait pas qu’une seule voie, faire des études et travailler en entreprise, que d’autres chemins étaient possibles, plus personnels.» A Paris, elle est sensible aux travaux des surréalistes, à ceux de Man Ray en particulier qui l’engage à « voir au-delà du visible».
Quand elle rentre en Chine en 2004, sa décision est prise, elle sera photographe. Mais il n’est alors pas facile de trouver du travail, même alimentaire : « même comme assistante de photographes commerciaux, je n’étais pas prise » se souvient-elle. Elle décide alors de partir à Tokyo où vit un de ses amis, se lance dans un travail sur les jeunes japonais, le rapport entre tradition et modernité, une problématique dans laquelle la Chine alors aussi se débat. Elle propose ses clichés à une maison d’édition, un livre est publié.
Commence alors à prendre forme son projet de « transférer » ses photos sur de nouveaux supports et son premier travail sur les ouvriers et les briques. « Bien sûr, dit-elle, la brique grise et les travailleurs migrants symbolisent Pékin dans sa marche forcée vers la modernité. Mais, j’y vois davantage. Entre la brique et le Migong, il y a toute une série de correspondances et de résonnances : tous deux viennent de la campagne, ont quitté leur terre d’origine, pour se retrouver en ville. Comme les briques, les ouvriers sont envoyés là où on a besoin d’eux. Ils vivent à six ou huit dans10 m2, dorment dans des lits superposés, empilés comme des briques dans un mur. »
Des dizaines de visages d’ouvriers se retrouvent imprimés sur des briques que Wen Fang installe bien droites sur de la terre, parfaitement alignées, un clin d’oeil aux soldats de Terre cuite de Xi’an. La galerie « Paris-Beijing » du quartier artistique de Pékin l’expose dès 2006. Très vite, alors, son travail s’impose, original et émouvant. C’est une armée de briques et d’hommes, casqués, des gueules marqués par une vie rude, des regards francs et des sourires généreux, de fausses Ray-Ban sur le nez, un clope au bec… ils sont là simplement, devant nous, comme une évidence. Dans le même mouvement, Wen Fang fait imprimer une série de briques avec des photos urbaines : un morceau de mur détruit, une pancarte signalant une nouvelle résidence de luxe.
Depuis, Wen Fang profite de sa renommée et d’un certain confort matériel pour mettre toute son énergie dans la création et expérimenter de nouveaux supports. Elle se réapproprie le traditionnel jeu de Mahjong pour en donner une version en briques mêlant photos d’insectes, de monnaies anciennes, de personnalités emblématiques chinoises (Chou En Lai, Li Feng et Lu Xun) et de statues bouddhistes. Elle recompose un escalier de briques où des photos de pieds chaussés dévoilent la mosaïque sociale de la Chine moderne : l’escarpin chic d’une femme d’affaire, la sandale d’un moine, la basket d’un jeune branché, le traditionnel chausson de coton noir d’une personne âgée, le talon trop haut d’une prostituée ou la prothèse d’un mutilé.
Les expositions s’enchaînent en Chine et à l’étranger. En 2008, le centre d’art contemporain Ullens à Pékin, lui commande une installation pour l’exposition Dior qui, réunissant les œuvres d’artistes chinois confirmés, marque un tournant dans sa carrière comme une consécration. Wen Fang choisit de travailler sur le thème des 60 ans de la célèbre maison de couture. Elle imagine un mur éclaté dont les morceaux semblent comme suspendus dans les airs, d’un côté des briques avec des photos de modèles Dior depuis 60 ans, de l’autre des images de la mode chinoise. D’un côté l’Occident, de l’autre l’Asie, deux faces d’une seule et même chose qui communiquent entre elles par des ouvertures.
Wen Fang ne joue pas qu’avec les briques, elle expérimente aussi la photo sur tissu (Get into Charactere), sur cheveux (photo d’Isabelle Huppert pour le centre Ullens), ou sur bois (travail sur des orphelins pour le compte de l’association humanitaire “Les Enfants de Madaifu”)…
Elle travaille actuellement à sa prochaine exposition solo, prévue en novembre prochain à la Paris Beijing. De belles surprises en perspective.
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source: chinaexpat
Not for her, in fact, but from her. Paris-Beijing’s latest exhibition is Wen Fang’s gift to the world as it turns a year older, an installation/almanac of China in 2008. It’s the thought that counts: Wen Fang has departed from the contemporary art dynamic of “just try and guess what I was thinking”, and delivered on the modern artists’ ostensible compact with the rest of us, to take visual cues lurking in the public subconscious and rearrange them for new meaning.
The themes we hear about until we can’t listen, reckless economy and environmental degradation, the people we ignore to stay fat and happy, migrant workers and orphans, Wen Fang filters through a profoundly symbolic eye into fresh, unforgettable contexts.
Terracotta Figures of Civilian Workers in the Republic of China
A cynic might dismiss the migrant worker as too easy a subject, cheap material not only for today’s Chinese capitalist but also a tired sonata of plucked heartstrings. Economically, these guys in their flimsy plastic helmets are as dispensable as the laborers who made Lord Qin’s terracotta army. Look at the images on those bricks, though – they’re smiling, with real joy only people who know real pain can express. Now who’s more human, and who dwells on the fringes of 21st century reality?
Rashomon
But Chinese chafe when you bring up their poor, the way Yanks chafe when you bring up their wars for peace, so on to Wen Fang’s re-interpretation of China’s greatest achievement in modern communication, the CC – wait; why on earth would she give it a Japanese name?
For those who like their movies the way they like their love, exciting and new, Rashomon is a film that proves facts are flimsy things at best, second only to emotions for propping up our house-of-card convictions. Think sponsored-fact broadcasting gives you a grasp of what’s really going on? Then Rupert Murdoch is cackling evilly in a penthouse somewhere.
To Keep On Living
Sorry, Han pengyoumen, back to the rural Third Estate. Foreigners can’t help gawking – those orphan eyes speak a universal language. These are the Children of Madaifu, in northwest China. Some of them wear flip-flops in the winter, some can barely look you in the eye, but thanks to the French organization that works with them, they all have a shot at a better tomorrow. To Keep on Living shows us the important stuff transcends borders.
The Six Realms of Existence in Beijing
Six is a human number, not just to cabalists, Christians, and Gnostics, but to Tibetan Buddhists as well, who frequently portray the six phases of life necessary to reach Nirvana on ritualistic Thangkas. Wen Fang’s Thangkas reflect the all-too-human illusion that the phases correspond to material wealth, when in fact we’re all stuck in the third, only the most spiritually pure escaping.
The Stairs of Our Generation
If we hadn’t shown you, you’d know Wen Fang was a woman by her tendency to size people up by their footwear. The ladies have a point: a guy in crocs isn’t very likely to sweep them off their feet. Prostitutes, mayors, celebrities, and other mouths for hire all have their feet on Wen Fang’s stairway where, like life itself, “The feet on top time and again fall to the bottom.”
Mahjong
More than just an age-old game from Chinese culture, mahjong is Chinese culture. Its many tiles have no intrinsic value, but are recruited to build a Great Wall, fortunes rising and falling by which way the wind blows, whether one’s color is red or green. Wen Fang has personalized her mahjong set: wealth, food, and lust make suit, and cultural icons change luck. Like any mahjong game, though, and like life in China, winning depends totally on one’s relationship to the other players.
Rain
Wen Fang was on a bus home to the outskirts of Beijing on a typically gloomy day when she passed through an even gloomier migrant village. The air stank of feculence, and putrid, garbage-laden water coursed through a massive drainage ditch that fronted the shabby dwellings. A mongrel sniffed and recoiled from the water twice before plaintively lapping some up. These are the scenes most of us try to push out of our minds; Wen Fang was moved to document the filthy ditch, spurred by an old expression for times that can’t get worse, “knives raining down from the sky”.
Walls
It may be tough for an artist to admit, but the most beautiful man-made objects are those left to long-neglect and nature. Wen Fang’s discovered sections of old hutong wall are more splendid than the Forbidden City, more ornate than the richest brocade, and more fantastic than Journey to the West.
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source: wenfangorg
文芳,1976年生于中国北京。
毕业于法国巴黎路易.卢米埃尔国家高等艺术学院L’ENS Louis-Lumière摄影系。现生活于北京。
展览
2012
《一线之革》,歌华设计馆,北京,中国(个展)
《无差别》,荔空间,北京,中国2011
2011
《天堂》,荔空间,北京,中国(个展)
《新法国驻华大使馆开幕艺术展》,北京,中国
《印像》,巴黎中国之家,巴黎,法国(个展)
《2011梅勒当代艺术双年展》,梅勒,法国
《雨》,BACQUEVILLE画廊,里尔,法国
《佳人》, 梨花女子大学美术馆,首尔,韩国
2010
《La nature ne fait rien sans objet》,LA B.A.N.K画廊,巴黎,法国
《心旅如织》,YISHU8画廊,北京,中国(个展)
2009
《生日礼物》,巴黎-北京画廊,北京,中国(个展)
《Isabelle Huppert, 肖像中的女人》, 尤伦斯当代艺术中心, 北京,中国
《为了还活着的》,YISHU8画廊,北京,中国(个展)
《共和国民工俑》,W画廊,巴黎,法国
2008
《Dior 与中国艺术家》, 尤伦斯当代艺术中心, 北京,中国
《我们的未来》,尤伦斯当代艺术中心, 北京,中国
《影壁》,巴黎-北京画廊,北京,中国(个展)
《看什么?笑你呢!》,洛桑奥林匹克博物馆,洛桑,瑞士
《中国女摄影师作品展》,拉文纳,意大利
2007
《东城西就》,巴黎-北京画廊,北京,中国(个展)
《光书》,Café de la Poste, 北京,中国(个展)
2006
《墙》,北京798,北京,中国
2005
《大声展Get it louder》,北京、上海、广州,中国
摄影报道《NEW TREND 2005 OF TOKYO》获《Marie-Claire》杂志2005年全球国际报道唯一大奖。
2004
Fémis摄影节,巴黎,法国
《洲际之眼》,巴黎,法国
《红门画廊“粉红丝带”公益摄影展:五十个女人和她们乳房的故事》,北京,中国
2002
福冈亚洲艺术节,日本
作品收藏
法国LVMH集团
尤伦斯当代艺术中心
法国纳夫利兹OBC银行
法国驻中国大使馆
等