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YANN MARUSSICH

Traversée

YANN MARUSSICH  Traversee

source: yannmarussichch

Un homme est allongé nu sur un tapis de danse enduit d’huile pigmentée verte. A l’image d’un pendu à l’horizontal, il est accroché par le cou à un câble de 13m de longueur et relié à l’autre extrémité à un treuil. La performance de Yann Marussich n’a pas de durée spécifique. Le treuil est accessible à tous et actionnable. S’il est actionné, il s’enroule sur lui-même entraînant en sa direction Yann Marussich par le cou qui commence alors sa traversée sadique (public) et masochiste (Yann Marussich).

A partir du moment où le spectateur entre dans l’espace et quoi qu’il fasse, il est une partie intégrante de la performance. Le public a une entière liberté à tous les niveaux. Il n’y a aucune indication de marche à suivre. Aucun rôle ne lui est attribué sinon la responsabilité de sa propre personne, de sa propre opinion et de ses propres actes, et même de sa passivité. Pas de censure non plus. Il n’y a que des possibilités.

Sans instructions préalablement données, le public est confronté à lui-même et révèle ses désirs refoulés ou conscients face à un exercice de responsabilité tel que Stanley Milgram l’avait expérimenté dans Soumission à l’autorité entre 1960 et 1963. Le public est délibérément confronté à une dynamique de groupe, lieu investit d’espoir et de menaces.

Les individus sont reliés entre eux par trois relations possibles : sympathie, antipathie, indifférence. Il en ressort qu’avec un groupe géré démocratiquement l’agressivité accroît la productivité. Avec cette performance à hauts risques, Yann Marussich se met volontairement la corde au cou et expérimente les libertés individuelles d’auto-émergence au sein d’une audience.
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source: yannmarussichch

A man lies down naked on a dance mat coated with green-tinted oil. A rope which stretches to a winch 13 metres away is tied around his neck. Yann Marussich’s performance has no specified duration. Anyone can activate the winch, and when they do, the rope coils, pulling the performer by the neck. Thus begins a sadistic (for the audience) and masochistic (for Marussich) crossing.

From the moment the audience enters the venue, they become part of the performance. And yet the spectator is free on all levels. There are no instructions. There is no procedure to follow. All they can do is take responsibility for themselves, for their opinions and actions–or lack thereof. There is no censorship either, only possibilities.

The lack of instructions leaves the audience face to face with their own selves, with their repressed and conscious
desires–an experiment similar to Stanley Milgram’s “exercise in responsibility” in his Obedience to authority project conducted between 1960 and 1963. The audience is intentionally stuck in a group dynamic, full of hopes and threats.

Individuals relate to each other in three possible ways: sympathy, antipathy or indifference. And it appears that aggressiveness increases productivity in a democratic group. Marussich’s high-risk performance experiments with individual liberties at the heart of the audience.
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source: yannmarussichch
Né en 1966, Yann Marussich est personnage à part dans la danse contemporaine et la performance. «Ecorché, déroutant, provocant, authentique», il nous livre des performances dont on ne ressort pas tout à fait indemne. Depuis 1989, il a signé une trentaine de performances et de chorégraphies diffusée dans toute l’Europe.
De 1993 à 2000, il évolue parallèlement dans le domaine de la programmation artistique en tant que directeur du Théâtre de l’Usine (Genève) où il programme presque exclusivement de la danse contemporaine et plus spécifiquement des nouvelles formes d’expression. Il est également le fondateur de l’ADC Studio (Genève) crée en 1993.
En 2001, Yann Marussich signe Bleu Provisoire, sa première pièce totalement immobile. Depuis, il s’enfonce dans l’introspection et la maîtrise de l’immobilité tout en confrontant son corps à diverses sollicitations, voire agressions: c’est là que se situe l’espace poétique du performeur, dans un contraste souvent violent entre ce que son corps subit et une impassibilité
absolue.
Ses dernières pièces sont des solos, qu’il considère comme un genre à part entière. Glassed (2011), Bain Brisé (2010), Ex-Pression (2009), Bleu Remix (2007), Nuit de Verre (2007), Soif (2006), Blessure (2005), Traversée (2004), Autoportrait dans une fourmilière (2003), Morsures (2004), on été présentées dans de nombreux lieux, festivals en Suisse et à l’Etranger.
Yann Marussich est conventionné par le Département de la culture et le Fonds d’Art Contemporain (FMAC) de la Ville de Genève. En 2008 il reçoit le prix Ars Electronica dans la catégorie Hybrid Art.
Une musique d’une étrangeté planante à l’intérieur d’une pièce obscure où un cube vert éclairé est disposé au centre. Cette structure lumineuse s’éteint, se soulève lentement vers le plafond et laisse entrevoir la présence d’un homme vêtu d’un costume noir. Arrivé à la hauteur de son cou, nous observons que la tête de cet homme est emprisonnée dans un entonnoir rempli de verre brisé. Ce voile conique masquant son visage est relié à l’aide de 4 câbles à la structure cubique. Le corps de cet homme est animé telle une marionnette à fils par le dispositif. Petit à petit, le perfomeur se déshabille et ôte son masque. Un bruit de fracas de verre résonne violemment dans la salle. Le visage de cet homme dont les expressions sont maintenant visibles, ressurgi dans le commun des mortels. Son corps s’affale au sol tel un mort anéanti par le monde extérieur.
Interrogation sur la condition d’enfermement de l’homme soit disant moderne? Son chemin vers une libération ou au contraire sa conversion à l’aliénation sociale.Yann Marussich ouvre un champ métaphorique de l’humain où chacun est affranchi de tout code. S’il travaille avec les symboles, qu’il détourne avec amusement – le costume chic, la boîte, le cube, l’enfermement, la déchirure, l’élévation – il en use pour aller au-delà de l’image de la souffrance, que les images (icônes) et symboles modernes transmettent. Il cherche l’angle de vue qui rendra l’être plus serein dans son milieu donné. Glassed est une oeuvre entière. Son auteur a une parfaite maîtrise du risque et des enjeux auxquels il se confronte. Il sait apprécier le manque d’air, le risque de coupure, en faire matière à respiration, à briser notre résistance à fléchir.
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source: yannmarussich
Yann Marussich, a unique practitioner of contemporary dance, delivers performances that have a genuine impact on his audience. Since 1989, his choreography and performances have been presented all over the world.
In 2001 Yann Marussich choreographed Bleu Provisoire, his first totally motionless piece. Since then, his work has deepened in introspection, exploring the control of stillness while placing his body in direct contact with diverse outside factors. He continues moving toward solo performance and the poetic aspects of body art. His most recent performances, which he considers examples of his fully developed style, have been presented in many festivals in Switzerland and abroad. They include several collaborative efforts: L’Arbre aux Clous (The Tree of Nails) and Glassed (2011), both with the industrial music pioneers Carter Tutti (formerly of the group Throbbing Gristle); Hyphos with students from the Geneva University of Art and Design; and PÔ in collaboration with Vincent Barras (2012).
In 2008 he won an Ars Electronica prize in the Hybrid Art category. He was an associate artist at the Grutli Theater for the 2010–2011 season. Since 2011, Yann Marussich has been supported by the Department of Culture and the Municipal Fund for Contemporary Art (FMAC) of the City of Geneva. From 1993 to 2000, Marussich was the Director of the Théâtre de l’Usine in Geneva, where he created a program almost exclusively composed of contemporary dance and new forms of expression. He also founded the ADC Studio in Geneva in 1993.
With the support of the Swiss Arts Council Pro Helvetia, and the City and Canton of Geneva.
Sounds from another world drift through a dark room, in the centre of which lies a gigantic green cube. The illuminated structure dims and slowly lifts off the ground to reveal the presence of a man dressed in a black suit. As the cube rises, it exposes the man’s head, which is cut by a funnel-shaped collar filled with pieces of glass that conceal his face. The collar is attached to the cube with four cables, which drag the performer’s body along like a string puppet. Gradually the performer undresses. When he removes his mask, a resounding crash of broken glass echoes violently through the room. The man’s face is now visible to all. He falls to the ground, as if crushed by the outside world.
Is this an inquiry into the so-called modern man’s trapped condition, his yearning for freedom or, conversely, his submissiveness to social alienation? Yann Marussich opens up a metaphorical field of human condition in which all codes are forgotten. Whether he works with symbols, which he happily hijacks–the smart suit, the box, the cube, the trap, the separation, and the elevation–he uses them to go beyond the image of suffering that modern pictures and iconic symbols convey. He looks for the best angle to enable human beings to be more serene in a given environment. Glassed is a complete work in which the author has total control of the risks at stake. He knows how to deal with the lack of air, the risk of being cut and how to transform this into a breathless and moving experience.