Yann Marussich
Ex-Pression
source: yannmarussich
Une plaque en Plexiglas rectangulaire avec un cadre rouge est accrochée contre un mur tel un tableau. La matière picturale de celui-ci est le corps d’un homme nu, pressé entre le verre et le mur. Une tomate est exposée à côté, elle aussi pressée et encadrée tel le cartel du tableau. A proximité, un escabeau rouge avec une clé plate invite le public à desserrer ou serrer petit à petit les écrous maintenant le cadre rouge pour en extraire son contenu. Est-ce-que l’oeuvre d’art fait l’homme ou l’homme se substitue-t-il à l’oeuvre d’art ?
Avec cette performance, Yann Marussich nous interroge frontalement sur le contenu d’une oeuvre artistique. On peut y voir des liens étroits avec les peintures de Bacon. La Figure du corps, d’un corps humain « désespécé », convulsé, tête et membres tordus, écorchés, toujours déformés sous la pression de forces invisibles intenses. L’être qui se dévoile est aussi bien dans les tableaux de Bacon que dans cette performance de Yann Marussich, un être inhumain, un être-viande mi-homme mi-animal,une sorte d’animalité crucifiée au-dedans de l’homme. Quelque chose d’irreprésentable excède l’image du corps, sa représentation, au point de le rendre difforme. Retenu prisonnier, ce corps déformé est comme pris sur le fait d’un état d’urgence : celui de s’échapper, de s’évacuer, de vider la scène.
La particule ex, en nous référant au titre de cette performance Ex-pression, induit indubitablement une mutation rapide, violente du sujet concerné. Dès lors, Yann Marussich nous propose de concevoir cette performance telle la mise en abîme visuelle et spatiale du corps dans une oeuvre matérielle et marchande. Ainsi présenté, le public a le libre arbitre de décider s’il accepte cette oeuvre comme telle ou désire libérer ce corps de son statut artistique. La richesse de cette performance est que son oeuvre nous échappe, qu’elle reste fermée, ouverte et accessible à tous.
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source: yannmarussich
A rectangular sheet of Plexiglas with a red frame hangs on a wall like a painting. Inside, a naked man is pressed between the glass and the wall. Next to him is a tomato, also framed, as if it were a description of the picture. Close by, on a red stool, is a wrench that the audience can use to loosen or tighten the bolts that are holding the red frame.
With this performance, Yann Marussich questions the audience about the content of the work.The artwork is reminiscent of Bacon’s paintings: abstract figures of the human body, the abject body, convulsed, head and limbs twisted, flayed, always distorted under the pressure of intense invisible forces. The human being revealed is the same in Bacon’s paintings as it is in Marussich’s performance: an inhuman being, part flesh, part man, and part animal, an animal-like crucifixion inside the man. Something that cannot be depicted goes beyond the image of the body and its portrayal, to the point of deforming it. The trapped, deformed body appears to be caught in a state of despair: fleeing, escaping, clearing the stage.
The particle “ex” in the title of this performance, Ex-pression, points to a quick and violent transformation of the subject. In this way, Marussich leads us to perceive this performance as a visual and spatial mise en abyme of the body, in a material and commercial work. Presented as such, the audience is free to decide whether they accept the artwork as such or whether they would rather free the body from its artistic status. The richness of the performance lies in the fact that this work eludes us: despite the frame, it nevertheless remains open and accessible to all.
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source: yannmarussich
Né en 1966, Yann Marussich est personnage à part dans la danse contemporaine et la performance. «Ecorché, déroutant, provocant, authentique», il nous livre des performances dont on ne ressort pas tout à fait indemne. Depuis 1989, il a signé une trentaine de performances et de chorégraphies diffusée dans toute l’Europe.
De 1993 à 2000, il évolue parallèlement dans le domaine de la programmation artistique en tant que directeur du Théâtre de l’Usine (Genève) où il programme presque exclusivement de la danse contemporaine et plus spécifiquement des nouvelles formes d’expression. Il est également le fondateur de l’ADC Studio (Genève) crée en 1993.
En 2001, Yann Marussich signe Bleu Provisoire, sa première pièce totalement immobile. Depuis, il s’enfonce dans l’introspection et la maîtrise de l’immobilité tout en confrontant son corps à diverses sollicitations, voire agressions: c’est là que se situe l’espace poétique du performeur, dans un contraste souvent violent entre ce que son corps subit et une impassibilité
absolue.
Ses dernières pièces sont des solos, qu’il considère comme un genre à part entière. Glassed (2011), Bain Brisé (2010), Ex-Pression (2009), Bleu Remix (2007), Nuit de Verre (2007), Soif (2006), Blessure (2005), Traversée (2004), Autoportrait dans une fourmilière (2003), Morsures (2004), on été présentées dans de nombreux lieux, festivals en Suisse et à l’Etranger.
Yann Marussich est conventionné par le Département de la culture et le Fonds d’Art Contemporain (FMAC) de la Ville de Genève. En 2008 il reçoit le prix Ars Electronica dans la catégorie Hybrid Art.
Une musique d’une étrangeté planante à l’intérieur d’une pièce obscure où un cube vert éclairé est disposé au centre. Cette structure lumineuse s’éteint, se soulève lentement vers le plafond et laisse entrevoir la présence d’un homme vêtu d’un costume noir. Arrivé à la hauteur de son cou, nous observons que la tête de cet homme est emprisonnée dans un entonnoir rempli de verre brisé. Ce voile conique masquant son visage est relié à l’aide de 4 câbles à la structure cubique. Le corps de cet homme est animé telle une marionnette à fils par le dispositif. Petit à petit, le perfomeur se déshabille et ôte son masque. Un bruit de fracas de verre résonne violemment dans la salle. Le visage de cet homme dont les expressions sont maintenant visibles, ressurgi dans le commun des mortels. Son corps s’affale au sol tel un mort anéanti par le monde extérieur.
Interrogation sur la condition d’enfermement de l’homme soit disant moderne? Son chemin vers une libération ou au contraire sa conversion à l’aliénation sociale.Yann Marussich ouvre un champ métaphorique de l’humain où chacun est affranchi de tout code. S’il travaille avec les symboles, qu’il détourne avec amusement – le costume chic, la boîte, le cube, l’enfermement, la déchirure, l’élévation – il en use pour aller au-delà de l’image de la souffrance, que les images (icônes) et symboles modernes transmettent. Il cherche l’angle de vue qui rendra l’être plus serein dans son milieu donné. Glassed est une oeuvre entière. Son auteur a une parfaite maîtrise du risque et des enjeux auxquels il se confronte. Il sait apprécier le manque d’air, le risque de coupure, en faire matière à respiration, à briser notre résistance à fléchir.
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source: yannmarussich
Yann Marussich, a unique practitioner of contemporary dance, delivers performances that have a genuine impact on his audience. Since 1989, his choreography and performances have been presented all over the world.
In 2001 Yann Marussich choreographed Bleu Provisoire, his first totally motionless piece. Since then, his work has deepened in introspection, exploring the control of stillness while placing his body in direct contact with diverse outside factors. He continues moving toward solo performance and the poetic aspects of body art. His most recent performances, which he considers examples of his fully developed style, have been presented in many festivals in Switzerland and abroad. They include several collaborative efforts: L’Arbre aux Clous (The Tree of Nails) and Glassed (2011), both with the industrial music pioneers Carter Tutti (formerly of the group Throbbing Gristle); Hyphos with students from the Geneva University of Art and Design; and PÔ in collaboration with Vincent Barras (2012).
In 2008 he won an Ars Electronica prize in the Hybrid Art category. He was an associate artist at the Grutli Theater for the 2010–2011 season. Since 2011, Yann Marussich has been supported by the Department of Culture and the Municipal Fund for Contemporary Art (FMAC) of the City of Geneva. From 1993 to 2000, Marussich was the Director of the Théâtre de l’Usine in Geneva, where he created a program almost exclusively composed of contemporary dance and new forms of expression. He also founded the ADC Studio in Geneva in 1993.
With the support of the Swiss Arts Council Pro Helvetia, and the City and Canton of Geneva.
Sounds from another world drift through a dark room, in the centre of which lies a gigantic green cube. The illuminated structure dims and slowly lifts off the ground to reveal the presence of a man dressed in a black suit. As the cube rises, it exposes the man’s head, which is cut by a funnel-shaped collar filled with pieces of glass that conceal his face. The collar is attached to the cube with four cables, which drag the performer’s body along like a string puppet. Gradually the performer undresses. When he removes his mask, a resounding crash of broken glass echoes violently through the room. The man’s face is now visible to all. He falls to the ground, as if crushed by the outside world.
Is this an inquiry into the so-called modern man’s trapped condition, his yearning for freedom or, conversely, his submissiveness to social alienation? Yann Marussich opens up a metaphorical field of human condition in which all codes are forgotten. Whether he works with symbols, which he happily hijacks–the smart suit, the box, the cube, the trap, the separation, and the elevation–he uses them to go beyond the image of suffering that modern pictures and iconic symbols convey. He looks for the best angle to enable human beings to be more serene in a given environment. Glassed is a complete work in which the author has total control of the risks at stake. He knows how to deal with the lack of air, the risk of being cut and how to transform this into a breathless and moving experience.