JOSE MONTALVO
CARMEN(S)
source:visitluxembourgcom
No stranger to the Grand Théâtre, French dancer and choreographer José Montalvo often delves deep into his past and revisits his Spanish childhood, and the political exile of his family to France. He reconciles many dance styles, video images and a taste for musical installations and all of which are the ingredients that have made his reputation. The result is a spectacle as fanciful and generous as its author.
This time, the award-winning choreographer brings his new production Carmen(s) to the Grand Théâtre. Montalvo firmly believes that a Carmencita slumbers in every woman and thus explains the use of plural in the title.
.
.
.
.
.
.
.
source:dansercanalhistoriquefr
Que serait Carmen aujourd’hui ? Toutes les femmes, affirme José Montalvo, qui met son héroïne au pluriel, et peut-être quelques hommes. Dès le début du spectacle le ton est donné. La musique de Bizet crépite, le rouge est mis sur toutes les parures, du soutien-gorge au pantalon en passant par robes, éventails et autres colifichets. On est dans le bain. À la différence d’autres adaptations célèbres pour le ballet, d’Alonso à Mats Ek, Carmen n’a pas besoin de fumer le cigare ou d’être provocante pour être libre. Elle n’est pas obligée non plus d’être espagnole. Il lui suffit d’être elle-même ! D’ailleurs, l’Espagne de Bizet ou de Mérimée ne représentait qu’un ailleurs nécessaire pour mettre en scène une femme sensuelle se fichant pas mal des conventions. Bref, une femme suffisament éloignée des Parisiennes du 19e siècle. Ce qui n’empêcha pas un parfum de scandale.
La force de José Montalvo, c’est de la ramener chez nous, dans toute sa diversité, sa multiplicité d’où le (S). La distribution réunit trois Espagnoles, une Gitane, deux Françaises, deux Coréennes, et une Japonaise face à sept hip-hopeurs confirmés (toutes et tous plus remarquables les unes que les autres). Elles s’approprient le personnage à leur façon, nous racontent leurs vies, leurs cultures, leurs danses et pourquoi elles et ils sont des Carmen(s).
Et tous de reprendre à leur façon l’une des dernières phrases de l’héroïne « ce que je veux, c’est être libre, et faire ce qui me plaît ». Aujourd’hui, et même en bikini rouge, il n’est toujours pas si sûr que ce droit soit acquis, il suffit de voir #metoo pour s’en persuader… ou d’écouter le récit des danseuses et danseurs. L’une, gitane, avance que la liberté sexuelle est encore un tabou dans sa culture, un garçon évoque sa mère victime de violences familiales. Oui, Carmen reste un personnage très actuel. Mais chez Montalvo, les belles sont rebelles et ont pris le pouvoir avec une énergie dévastatrice.
Les hip-hopeurs peuvent bien faire assaut de virtuosité, les voilà renvoyés dans leurs buts d’un coup d’éventail. La danse, plus que jamais a tout de… l’auberge espagnole. Chacun apporte son style, sa discipline, son savoir-faire. Tout en conservant les airs célèbres de Bizet, on passe d’un pays à l’autre, du style savant au tube populaire, pas étonnant, c’est l’Opéra le plus prisé dans le monde entier. Mais les musiques d’ailleurs s’invitent aussi dans l’arène. Flamenco, musique arabo andalouse et même cornemuse iranienne et percussions coréennes. Chacun d’eux joue, chante et danse. C’est souvent drôle, toujours explosif, et parfois carrément émouvant.
Mixant le trajet des gitans, et celui des migrants, José Montalvo renouvelle son usage de la vidéo dont il se sert comme pour donner de la profondeur de champ à ce qui se passe au plateau.
Bref, Carmen va à merveille à Montalvo. Il faut dire que ce fils de réfugiés espagnols dont la mère interpréta la Carmencita, et petit-fils d’une prénomée Carmen, passionaria féministe, sait ce que se révolter veut dire.
.
.
.
.
.
.
.
source:resmusicacom
José Montalvo démultiplie les visages de Carmen dans une version survitaminée et athlétique de l’opéra de Georges Bizet, d’après la nouvelle de Prosper Mérimée. Créée à la MAC de Créteil, le spectacle est au Théâtre de Chaillot.
Quels sont les multiples visages de Carmen : Espagnole, Française, Coréenne ? Pour ne pas avoir à choisir, le chorégraphe José Montalvo aligne comme à la parade quatre danseuses flamenco et trois danseuses classiques un peu speed pour un parcours en accéléré du mythe de Carmen. Même démultipliée, la féminité agressive de Carmen s’expose d’abord en sous-vêtements rouge sang, avant de se poursuivre dans une débauche rythmique de zapateado forcenés et de tours en dedans. Les cigarières sont bien déterminées à en découdre et à mener les hommes par le bout du nez. Première entorse au féminisme pourtant revendiqué par le chorégraphe, si les femmes sont dénudées, les hommes, des danseurs de hip-hop pour l’essentiel, font seulement mine d’enlever leurs pantalons. Le match est déjà déséquilibré…
José Montalvo poursuit le spectacle à un train d’enfer, enchaînant les scènes de corridas ou de taverne, à grand renfort de vidéo. Seules les scènes les plus festives du Carmen de Bizet sont mises en scène bout à bout, dans un enchaînement qui n’offre que peu de temps plus calmes. Dans sa vision guerrière d’une Carmen libre et émancipée, José Montalvo en oublie la dimension tragique du personnage, qui mourra prisonnière de ses choix et victime d’un crime passionnel. Car Carmen, c’est d’abord une tragédie, un drame dont José Montalvo élide le côté noir. L’issue fatale de la nouvelle est expédiée en quelques mots, au détour d’une phrase, par le narrateur de l’histoire.
Faisant de Carmen une héroïne moderne, le chorégraphe a demandé à chaque danseur ce qu’elle représentait pour eux : la liberté, la sensualité, la puissance et même, le droit de vote ! Les mots des danseurs sonnent creux, trop consensuels, à l’exception d’un ou deux témoignages plus poignants qui réintroduisent la notion de malheur dans cette histoire peinturlurée de rouge. On en ressort avec le sentiment d’un profond contresens…