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James Bridle

The Right to Flight

James Bridle  The Right to Flight

source: nextliberationfr

A Londres, l’installation aérienne «The Right to Flight» de l’artiste britannique James Bridle explore la notion de surveillance depuis les airs et revient sur les utopies dévoyées des premiers aérostats.
Dans le ciel limpide de Londres flotte depuis le mois de juin un étrange ballon noir. Localisé dans le quartier populaire de Peckham, dans le sud de la ville, il est arrimé au niveau supérieur d’un parking désaffecté, vaisseau brutaliste dont les deux derniers étages hébergent depuis huit ans Bold Tendencies, un projet artistique estival, ainsi qu’un bar de plein air très couru avec une vue stupéfiante sur la skyline londonienne.

C’est dans cet endroit entre ciel et terre que l’artiste britannique James Bridle a installé son projet The Right to Flight, qui reprend le titre d’un célèbre livre du photographe et fou de ballon Félix Nadar, le Droit au vol, paru en 1865. Père de la photographie aérienne, celui qui inspira à Jules Vernes le personnage principal de son roman De la Terre à la Lune créa une société pour expérimenter avec les appareils «plus lourds que l’air» dès 1863. Le 4 octobre de la même année, il fit ainsi décoller du Champ-de-Mars le Géant, un ballon gigantesque haut de 45 mètres, avec une nacelle à deux étages, un lit et une chambre noire. Il organisera une seconde ascension le 18 octobre 1863, où il manquera de mourir avec sa femme lors d’un atterrissage calamiteux.

Connu pour ses projets sur les drones ou son blog de recherche The New Aesthetic, James Bridle, né en 1980, a aussi posé sur le toit du parking une station de recherche expérimentale explorant l’histoire des aérostats, via des ateliers, des conférences et projections. Constituée de trois modules circulaires, fabriqués à partir de silos de grains lestés par des sacs de sable, l’architecture évoque tout à la fois les hangars des compagnies aériennes et la maison en kit Dymaxion de Buckminster Füller.

The right to flight L’installation «The Right to Flight» vue du toit. Photo James Bridle

UNE «IMPULSION UTOPIQUE DÉVOYÉE»
The Right to Flight combine plusieurs thèmes récurrents dans les recherches de Bridle: la surveillance, l’espace public et la ville. Passionné par l’histoire de l’aéronautique et féru de photographie aérienne, l’artiste établit des parallèles entre les utopies portées par les premiers ballons et leur rapide militarisation, dont Nadar est emblématique, qu’il compare avec l’évolution similaire d’Internet.

En dépit du fiasco du Géant, quelques années plus tard, pendant le siège de Paris en 1870, Nadar fonda une compagnie d’aérostatiers militaires et inaugura le service des ballons-poste par-dessus les lignes ennemies. Entre septembre 1870 et juin 1971, 67 ballons ont ainsi été lancés depuis la capitale assiégée, peut-on lire sur la riche documentation qui se déploie sur les parois métalliques circulaires de l’installation londonienne. «L’impulsion utopique a été dévoyée pour transformer les ballons en architecture de surveillance totale. C’est aussi l’histoire de l’Internet et de ses nouvelles frontières, conçu comme un outil libérateur et aujourd’hui infrastructure de la surveillance de masse», compare l’artiste.

The right to flight, citation hugoSur un panneau, une lettre envoyée par Victor Hugo à Félix Nadar s’enthousiasme pour les ballons, qui devaient marquer la «disparition des frontières» et de la guerre. Photo James Bridle

Le ballon, pensaient ses promoteurs de la fin du XIXe siècle, mènerait à l’effondrement de l’Etat Nation, rendrait les frontières nationales superflues. La capacité nouvelle de voler d’un endroit à un autre aurait pour effet de pacifier les relations entre les peuples. Comme l’écrivit Victor Hugo, dans sa lettre de soutien à son ami Nadar discrédité dans la mésaventure du Géant: «Qu’est-ce que l’aéroscaphe dirigé? C’est la suppression immédiate, absolue, instantanée, universelle, partout à la fois, à jamais de la frontière. […]. C’est l’évanouissement des armées, des chocs, des guerres, des exploitations, des asservissements, des haines. C’est la colossale révolution pacifique. […] C’est l’immense mise en liberté du genre humain.»

Afin de se réapproprier cette technologie dévoyée pour des usages civils, James Bridle a acquis un helikite, mi-ballon mi-cerf-volant, «le même modèle que ceux que les Britanniques font voler en Aghanistan ou en Irak», qu’il a équipé d’une caméra. «Je suis conscient qu’en faisant cela, moi aussi je fais de la surveillance, mais pour rééquilibrer ce pouvoir, toutes les vidéos sont mises à disposition afin que tout le monde puisse voir ce que je vois», dit le Londonien, qui vit dans l’une des villes les plus surveillées du monde, qui compte 7431 caméras (contre 2000 à New York).

James Bridle déforme ses vues du ciel dans des vidéos kaléidoscopiques et des films collages projetés dans l’un des hangars, leur appliquant des effets de miroir et de symétrie qui les rendent «inutilisables par les technologies de contrôle», tout en s’intéressant à «la manière dont ces images aériennes sont construites, vues et consommées».

Bridle observe un regain de ferveur pour les ballons en ce moment, notamment dans leur usage militaire, soulignant que l’armée américaine est la plus grosse consommatrice d’hélium, un gaz dont les Etats Unis possèdent 80% des réserves mondiales, en voie d’épuisement. Les Etats-Unis ont notamment utilisé massivement les ballons pour la surveillance en Afghanistan et en Irak, et désormais pour contrôler leur frontière avec le Mexique.

Mais l’artiste britannique constate également que des usages citoyens sont apparus, comme ce dirigeable que Greenpeace, associé à l’Electronic Frontier Foundation, a fait voler le 27 juin au-dessus d’un centre de la NSA dans l’Utah, afin de protester contre le programme illégal de surveillance de masse du gouvernement américain. Plus d’un siècle plus tôt, raconte Bridle, la suffragette Muriel Matters avait également lancé un ballon portant les mots «Votes for Women» («Votez pour les femmes») en lettres grasses au-dessus du Parlement de Londres, qu’elle tenta de bombarder de milliers de tracts depuis les airs.

Bridle a pour sa part équipé son ballon d’un darknet, un réseau wi-fi non connecté à Internet, en adaptant une technologie développée par Occupy.here à partir d’un routeur chinois bon marché bidouillé. Les habitants du voisinage peuvent ainsi se connecter à cette plateforme de messagerie privée flottant au-dessus des rues de Peckham, et échanger des fichiers entre eux. «Les gens sont invités à communiquer à travers le ballon», dit Bridle qui reconnaît néanmoins la portée limitée de son réseau aérien tout en ironisant sur le projet Loon de Google, qui veut connecter les populations des pays reculés via des ballons stratosphériques.

Pour l’instant, le ballon de Bridle ne flotte pas dans la stratosphère mais à l’altitude modérée de 200 pieds (environ 60 mètres). L’artiste a demandé une autorisation exceptionnelle à l’aviation civile pour le faire flotter à 1050 pieds (320 mètres), soit un peu plus haut que The Shard, le plus haut gratte-ciel de Londres, esquille de verre encerclée d’une forêt de grues et de tours en constructions qu’on observe au loin depuis le toit du parking. «Les ballons étaient également utilisés pour permettre aux habitants de voir l’impact que les nouveaux édifices allaient avoir. Désormais, ils sont utilisés pour montrer les vues spectaculaires dont vont jouir les futurs résidents de ces tours, inversant complètement le rôle du ballon dans la planification urbaine», note Bridle. «Le ballon occupe cette position bizarre et puissante au-dessus de nos têtes, capable de soulever notre regard vers les cieux, mais focalisant également notre attention sur ce qui se passe en dessous.»
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source: tdoarchitecture

Drawing on the influences on James’s work, the design developed out of researching large scale aeronautical shelters and rapidly deployable structures, from Zeppelin Hangers to Buckminster Fuller’s Dymaxion Shelter, leading the design towards appropriating industrial structures that were assembled on site in a matter of days.

The design addresses the panoramic skyline view by channelling views vertically towards the Balloon in flight. The positioning of the three imposing circular structures creates a series of interlinked spaces framing views towards the skyline while the spaces between the corrugated walls emphasise the sky above.

As part of the wider activity on this Peckham carpark rooftop, which is also home to Frank’s Bar, the installation was visited by thousands over the summer of 2014.
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source: booktwoorg

James Bridle is a writer, artist, publisher and technologist usually based in London, UK. His work covers the intersection of literature, culture and the network. He has written for WIRED, ICON, Domus, Cabinet, the Atlantic and many other publications, and writes a regular column for the Observer newspaper on publishing and technology. James speaks worldwide at events including SXSW (Austin), dConstruct (Brighton), LIFT (Geneva), Web Directions (Sydney), NEXT (Berlin) and TED (London).

In 2011, he coined the term “New Aesthetic”, and his ongoing research around this subject has been featured and discussed worldwide. His work, such as the Iraq War Historiography, an encyclopaedia of Wikipedia Changelogs, has been exhibited at galleries in the Europe, North and South America, Asia and Australia, and has been commissioned by organisations such as Artangel, Mu Eindhoven, and the Corcoran Gallery, Washington DC.

In 2012 he was a Happenstance resident at Lighthouse Gallery, lectured as part of the 4 Thought series on BBC Radio 4, contributed to the Istanbul Design Biennial and Guimaraes 2012 European City of Culture, and was adjunct professor on the Interactive Telecommunications Programme at New York University. In 2014 he was awarded the Excellence Award at the Japan Media Arts Festival, the Graphics Award at the Design Museum Designs of the Year, and shortlisted for the Future Generation Art Prize.

A full portfolio is available online, as well as a list of talks with links on this site.

James is also a member of the the Really Interesting Group, a design partnership based in East London.

Previously he worked with Apt on projects including Granta.com and Enhanced Editions. Before that, he worked in the publishing industry, in editorial, production, marketing and publicity.

James has a Master’s degree from University College London in Computer Science and Cognitive Science, specialising in Linguistics and Artificial Intelligence.
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source: shorttermmemoryloss

The Right To Flight was the 2014 solo commission for Bold Tendencies in Peckham, London.
The Right to Flight was a four month installation, event series and ongoing research programme investigating technical infrastructures, surveillance, ballooning, and utopias.
It was viewed by thousands of people in situ, and hundreds of people attended related lectures, educational events, and workshops.
The Right To Flight was featured in The Guardian, Vice, Dezeen, Fast Company and elsewhere.