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saskia edens

let it happen

saskia edens 1

source: letempsch
L’artiste, qui vit à Bâle, fait œuvre des sensations qui traversent son être physique. Une vocation que cette jeune femme de 36 ans déploie à partir de la performance sur divers supports.
On pourrait dire que son outil de travail, c’est son corps. Cela sonnerait un peu vulgaire, surtout cela occulterait la dimension infiniment plus vaste des performances de Saskia Edens. «Mon corps, c’est un outil parmi d’autres, explique l’artiste rencontrée durant la foire Art Basel. Le corps comme véhicule me permet de donner forme aux perceptions, au regard, à la pensée. Comme je viens des arts visuels – j’ai fait les Arts décoratifs puis les Beaux-Arts à Genève –, je pars souvent d’un objet pour aboutir à une performance. J’ai pas mal expérimenté durant mes études, autour de différentes pratiques corporelles, d’improvisations et de tout ce qui touche au domaine de la perception.» Le corps, l’esprit et le ressenti en éveil. «C’est étonnant de partir d’une sensation et de l’amener dans quelque chose de visuel, comme lors de ma performance A contre-courant durant laquelle les bijoux en glace que je portais coulaient et tachaient mes vêtements au fil du temps et de mon effort qui consistait à courir en arrière sur un tapis de course.» Chacune de ces expériences consiste au départ à vouloir rendre visible un phénomène corporel intérieur. Comme le squelette que l’artiste se peint en négatif dans la pièce intitulée Make Up. «Je cherche à donner à voir des choses inconscientes ainsi que les transformations qui s’opèrent constamment, de les figurer en une autre matière. Ces deux travaux – A contre-courant et Make Up – sont également pour moi une façon de repenser la peinture, une peinture plus primitive puisqu’il s’agit de prendre comme canevas le corps, et qui fait appel à toute une culture archaïque, instinctive.»
Make Up (2008). «Le résultat de cette performance réalisée en mai 2008 au Art Hall de Tallinn en Estonie ne m’avait pas satisfaite. Je l’ai retravaillée, puis j’en ai fait une vidéo que j’ai présentée au Kunsthaus Baselland. Elle a connu un certain succès: c’est la première fois qu’une de mes pièces était achetée par des collectionneurs privés, des gens que je ne connaissais même pas! C’est aussi par le biais de cette vidéo-performance – montrée au Fotomuseum de Winterthour – que le galeriste qui me représente aujourd’hui, Nicola von Senger, a eu envie de me rencontrer et de travailler avec moi.»