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Stephane Vigny

Stephane Vigny glouglou deux verres vin

source: revuetenten

Stéphane Vigny cherche l’harmonie dans l’inattendu quitte à la provoquer et à la faire naître en créant des déplacements de formes, d’échelles ou de fonctions si les coïncidences manquent.
Ses œuvres évoquent un espace hors du temps, comme un point de rencontre, un équilibre entre la dissonance et l’harmonie. Elles sont cette poésie qui définit, sans jamais réduire, transgresse avec beaucoup d’amour et dénonce sans juger.
Les éléments sont de la partie, le château de cartes devient un château solide et fort de 8 mètres de haut qui, en domptant l’instabilité a surmonté la patience et donc le temps.
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source: leportiqueorg

Le travail de Stéphane Vigny s’articule autour du détournement, de la reprise. L’artiste déplace l’objet : soit dans un lieu, soit par rapport à sa fonction initiale ou sa signification ordinaire. Relecture du quotidien, ses œuvres rejouent des éléments existants. Mêlant culture populaire et références artistiques (la citation du ready-made est permanente dans son approche), il nous livre, pour Le Portique, sa conception de l’architecture et des matériaux. « Sculptures récentes » met en scène deux éléments extraits de notre environnement et retravaillés pour l’occasion.

Une sculpture en béton trône dans l’entrée du Portique. Relecture du « ceci n’est pas une pipe » de Magritte, par cette proposition, l’artiste semble nous dire : ceci est ce que vous voulez que ce soit. On peut ainsi y voir une sculpture, transformant en medium artistique un matériau de construction. On peut également identifier une table, objet fonctionnel décontextualisé et revisité. Stéphane Vigny s’amuse à faire glisser le sens et le signe.

« Chalet canadien » envahit l’espace d’exposition, voire l’intègre en son sein car la pièce est pénétrée par un poteau qui structure le lieu. « Chalet canadien » n’évoque pas alors une résidence paisible, aux confins de la forêt. Ici, le chalet, dans l’espace du centre d’art, se révèle imposant, écrasant. Ce ne sont plus des rondins de bois qui constituent l’ossature de l’habitation, mais des tubes de PVC emboîtés selon une technique appelée fuste. Point de discours écologique sur la disparition des matériaux nobles ; ce qui intéresse l’artiste est de provoquer la rencontre d’un habitat classique, rustique et populaire avec un matériau ordinairement dénué de poésie car résolument associé au bricolage et aux chantiers.

Ces propositions produites spécialement pour et par Le Portique ont alors une résonance particulière. Le béton employé pour la table détournée évoque le béton cher au Havre, matériau devenu noble par l’usage qu’en fit le « poète du béton » que fut Auguste Perret. Le chalet, lui, renvoie à une réflexion sur l’architecture et l’habitat, qui n’est pas sans rappeler le passé de la cité havraise qui dut, aux lendemains des bombardements, repenser la ville et le logement dans l’urgence, réhabilitant des matériaux peu coûteux.

L’exposition « Sculptures récentes » se présente alors comme un prolongement artistique de l’espace urbain local. En se réappropriant des matières ordinaires pour les anoblir, Stéphane Vigny donne forme à des objets, les façonne pour qu’ils deviennent sculptures. Association, alliance et rencontre improbables, les pièces prennent alors tout leur statut d’œuvres d’art, relançant le sens, le rapport au monde et à son essence. Polysémique, le travail de Stéphane Vigny ne se limite pas à une seule lecture.

Malgré l’apparente banalité des matériaux utilisés, ses œuvres peuvent être lues comme les commentaires d’un art poétique contemporain. Les correspondances et similitudes sont nombreuses, pourtant toute ressemblance avec des objets existant ou ayant existé seraient totalement fortuites. Cette esthétique de la surprise et des croisements insolites bouscule le visiteur, l’invite alors à s’affranchir de ses codes habituels pour se réinventer un regard, un rapport au monde environnant.

Lautréamont, dans Les Chants de Maldoror, définissait ainsi la beauté : « Beau comme la rencontre fortuite d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection » C’est la rencontre incongrue des objets, leur mise en relation qui ouvre une nouvelle possibilité esthétique. Tel le poteau traversant le chalet, ces rapports établis entre des éléments pourtant éloignés ouvrent une brèche dans laquelle s’engouffre l’artiste. L’ordinaire est rendu poétique, le quotidien esthétique. Stéphane Vigny nous fait une proposition artistique, sorte de pari pascalien : si le réel pouvait devenir support de l’irréel, habitacle de nos pensées esthétiques ?
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source: lequotidiendelart

Stéphane Vigny est né en 1977 au Mans. Il a participé au 54e Salon de Montrouge en 2009. Depuis, il a notamment exposé à Piacé-le-Radieux ou aux Bains-Douches à Alençon. Il a bénéficié d’une exposition personnelle à la Galerie Claudine Papillon, à Paris, en janvier-février de cette année et participe actuellement à l’exposition « Des Hommes, des mondes » au Collège des Bernardins, à Paris. Portrait.
Il arrive aussi parfois que les objets traversent le miroir : aucune raison que ce sort merveilleux soit réservé aux humains que nous sommes. Et il semble bien que la plupart des objets que Stéphane Vigny a entre les mains passent par ce stade. Et en sortent définitivement bouleversés. Ils ont gardé cette familiarité qu’on leur connaît, mais ils ont gagné en inquiétude, ou en légèreté ; en poids, ou en étonnement. Il suffit d’en citer quelques-uns, parmi les plus repérés par les amateurs d’art, pour que l’on comprenne ce mouvement de torsion, ce « changement de fonction des objets qui ressemble à une analogie : j’aime penser qu’il y a une égalité dans leur monde, et que chacun peut jouer le rôle d’un autre », résume-t-il. Ce château de cartes, par exemple, aperçu pendant la FIAC 2012 dans le jardin des Plantes à Paris : on connaît son allure, la menace de son vacillement ; mais il est d’une proportion considérable, rivalisant avec les bâtiments alentours, et sa matière même, des plaques de tôle ondulée, surprend. Dans le corpus du jeune artiste, on peut repérer aussi un canapé composé de sacs de plâtre, un tuning de clapiers à lapins, un glory hole impraticable (taille-crayon fiché dans le mur !) ou encore un dolmen de béton. Autant de matières premières composant notre environnement le plus quotidien ; voire, pour être plus précis, les éléments de nos campagnes, au contact desquels l’artiste a grandi. « Toutes mes idées ont à voir avec le bricolage de monsieur tout le monde, le réel est ma religion. Et j’aime me confronter à un travail physique proche de l’artisanat, passer du temps avec les matières : c’est possible maintenant, alors qu’il y a quinze ans, c’était considéré comme complètement ringard », s’amuse celui qui a lui-même été formé à l’université dans la vénération du concept, avant d’en revenir. « Très vite je me suis rendu compte de mon goût et de mon plaisir dans la fabrication », poursuit-il. Le tout porté par un humour dépourvu de toute vulgarité : lecteur de la Rochefoucauld, Vigny sait faire de ses titres autant de Witz, traits d’esprit qui cristallisent l’efficacité de ses pièces. Le plaisir, il le trouve aussi dans l’in situ, avec lequel il aime jouer. Son château de cartes est ainsi né d’une invitation du village de Piacé-le-Radieux, marqué par un projet utopique de coopérative imaginé par le Corbusier dans les années 1930, et qu’il taquine du souvenir de bidonvilles. Quand il est invité par l’espace d’art de Louis Vuitton, à Paris, il imagine une superbe mer de cymbales de cuivre… dont les interstices dessinent discrètement le fameux logo, clin d’oeil qui n’enlève rien à la sensuelle poésie de la pièce. Mais le quotidien n’est pas son seul horizon. De plus en plus, Stéphane Vigny se plaît à jouer, aussi, avec des éléments de culture. C’est ainsi un drôle de coq de Brancusi qui parade en ce moment dans le jardin du collège des Bernardins, pour l’exposition collective « Des hommes, des mondes » : il est tout simplement en béton cellulaire type Bricorama, et non plus en marbre. Il est devenu mobilier, heureux comme un coq en… carton-pâte.