Islas resonantes
c’est un des apanages de la musique minimaliste basée sur des sons longuement tenus, lorsqu’elle est conçue de manière adéquate et irriguée par une réelle inspiration, que d’être susceptible de plonger l’auditeur dans un état second, une sorte de rêve éveillé qui décuple paradoxalement l’acuité de son écoute et lui permet de percevoir les détails les plus infimes et les nuances les plus subtiles de ce qui lui est donné à entendre. c’est à une aventure de ce type que nous convie éliane radigue avec « l’île re-sonante », jusqu’à des confins poétiques qui n’appartiennent qu’à son univers musical.
si cette pièce a été composée pour être écoutée d’une traite et qu’aucun effet de rupture n’y est brutalement marqué, elle offre cependant la particularité d’être constituée d’une succession de séquences qui crée une sorte d’architecture impalpable aux proportions harmonieusement établies. c’est bien d’une oeuvre musicale au sens que l’on donne habituellement à ce terme en occident qu’il s’agit, et non d’un simple environnement sonore à caractère plus ou moins expérimental.