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MARIN MAGUY

Маги Марин
マギー・マラン

May B

source: performartsnet

May B, chorégraphié par Maguy Marin en 1981, n’en finit pas d’être. Plus de cinq cents représentations à ce jour. La pièce, étrange ballet-théâtre d’humains aux masques plâtreux fait le tour du monde depuis près de trente ans. Sans doute un fond de commerce pour la compagnie. Mais au-delà, cette pièce inspirée par l’oeuvre de Samuel Beckett est devenue un morceau culte d’anthologie de la danse contemporaine. May B est à nouveau en tournée à l’occasion du centenaire de la naissance de l’écrivain.

“Ce travail sur l’œuvre de Samuel Beckett, dont la gestuelle et l’atmosphère théâtrale sont en contradiction avec la performance physique et esthétique du danseur, a été pour nous la base d’un déchiffrage secret de nos gestes les plus intimes, les plus cachés, les plus ignorés. Arriver à déceler ces gestes minuscules ou grandioses, de multitudes de vies à peine perceptibles, banales, où l’attente et l’immobilité “pas tout à fait” immobile laissent un vide, un rien immense, une plage de silences pleins d’hésitations. Quand les personnages de Beckett n’aspirent qu’à l’immobilité, ils ne peuvent s’empêcher de bouger, peu ou beaucoup, mais ils bougent. Dans ce travail, à priori théâtral, l’intérêt pour nous a été de développer non pas le mot ou la parole, mais le geste dans sa forme éclatée, cherchant ainsi le point de rencontre entre, d’une part la gestuelle rétrécie théâtrale et, d’autre part, la danse et le langage chorégraphique” explique Maguy Marin.

Paraissant émerger de terre, couvert d’argile, de plâtre et de déchets, un agglomérat humain apparait comme venu du néant. Sons gutturaux, halètements, souffles, frottements, mouvements répétitifs rythment cette arrivée au monde d’humains étonnés … Dix danseurs, aux masques plâtreux se meuvent animalement sur un rythme lancinant, grattent le sol comme à la recherche d’une sortie de secours. Pauvres hères à la dérive qui ne semblent savoir ni d’où ils viennent ni où ils vont. Une troupe d’humains comme hagarde après un bombardement, un séisme ou lors d’un exode. Ou plus simplement, l’exil qu’est toute vie, miroir d’une humanité, celle misérable tout autant qu’attendrissante à laquelle nous appartenons tous, engloutissante possession des êtres où la fin potentiellement libératrice qui n’en finit pas de s’annoncer n’arrive pas.

Le ballet désespérément naïf, obsessionnelle parade expressionniste où se mêle absurde et grotesque répète un récit universel : celui du sort commun de l’errance, de la maladresse attendrissante et de la peur dépressive où l’être humain préfère tout de même l’enfer des autres à l’angoisse de la solitude. Hostilité, peur, tendresse, désir : les interprètes aux visages terreux, marchant à l’unisson, en ligne ou dispersées, secoués de mouvements tour à tour infimes, fébriles, convulsifs ou retenus mais réglés avec une extrême précision, dévoilent une gamme croissante d’émotions et de sentiments familiers terriblement humains. Mélodie désenchantée de l’existence.

Et, la scène devient un territoire d’errance ou de balbutiements où jeux enfantins et scansion des pas rythment magistralement cette partition chorégraphique où à partir des corps, de l’enfance à la vieillesse, la danse de Maguy Marin démasque la théâtralité. May B comme Beckett ou comme un « peut être ». Les personnages de Godot, Fin de partie, Murphy y apparaissent. On peut aussi voir dans la pièce les fantômes de Breughel, de Bacon, de Picasso, de Goya. « Si l’on s’amuse à disséquer la polysémie du titre choisi par Maguy Marin outre une filiation littéraire directe (puisqu’il renvoie à une pièce écrite par Beckett à l’adolescence et intitulée ‘May Be’), on se rend compte qu’il contient à la fois l’origine et l’espoir » souligne Céline Laflute sur Evene.fr. « Le point de départ, la genèse pour celui qui écrivit “Ma naissance fut ma perte”, c’est la mère, May Beckett, la responsable d’emblée coupable de l’existence de son néantiste de fils. Pour dénicher la lueur d’espoir, ou du moins la perspective d’avenir, il suffit de s’écouter dire ‘May B’. De may be (probablement, sans doute, peut-être) surgissent tous les possibles, toutes les potentialités, à moins que ce ne soit l’hésitation d’une humanité errante, misérable, tourmentée qui l’emporte… ». May B n’est pas sans rappeler la Nef des Fous de Jérôme Bosh ou encore celui du chorégraphe existentialiste Jean Weidt (1904-1992) qui en 1929 mettait en scène sur le même tempo Vieilles Gens, vieux fers pour un choeur de dix danseurs, macabre procession de grimaces face à l’absurdité de l’existence.

« La troupe actuelle comporte des danseurs qui interprètent la pièce depuis 20 ans, qui en sont un peu la « mémoire », jusqu’à d’autres qui sont là depuis quelques mois, comme c’est mon cas. C’est une pièce très répétitive, on a toujours l’impression d’avoir oublié quelque chose ou que l’on va oublier quelque chose J’ai cru lors des premières répétitions que je n’ arriverai jamais à la mémoriser et j’ai pensé plusieurs fois dire à Maguy « j’arrête, ce n’est pas une pièce pour moi ». Il m’a fallu quatre à cinq semaines pour y arriver» indique une danseuse. « J’ai choisi Beckett pour essayer de trouver des gestes chorégraphiés qui, au-delà de la performance, sont aussi de la danse mais qui ont plus à voir avec le quotidien ; des gestes que tout le monde fait dans la vie » commente la chorégraphe.

C’EST PEUT ETRE FINI

. « J’ai découvert tard dans ma vie à quel point les écrits de Samuel Beckett me touchaient. A quel point la profonde humanité de ses personnages, le rythme de ses phrases, la musicalité de son français, son humour terrible, sa poésie, m’étaient proches sans effort (…) J’aime la façon dont Beckett aborde les thèmes, son humour absolument détergent, sa manière de ne pas en rajouter, de rapetisser et de s’intéresser aux petites gens. J’aime sa grande humanité ». Ces propos de Sami Frey dans le cadre de sa récente interprétation de Premier Amour viennent parfaitement en écho au très célèbre May B de Maguy Marin, drôle de méditation sur les absurdités de la vie inspirée de l’œuvre du grand Sam. Créée en 1981, May B est une pièce chorégraphique d’exception, qui toutefois vidait les salles lors de sa création et ne connut un certain succès qu’après trois ans de représentations. La pièce est devenue culte de la danse contemporaine. «Quand j’ai commencé, il y a des tas de gens qui ont trouvé ça très bien, et des tas de gens qui ont trouvé ça très mal. Maintenant ça revient un peu. Je n’y fais pas trop attention. Je m’en fous en fait » indique la chorégraphe. « Ce que je vis avec les danseurs est très plein. Les tournées, les décisions qu’on prend ensemble sur telle ou telle création, la recherche qu’on y fait. Tout ça a largement le temps de remplir ma vie et mes réflexions. La seule chose que je trouve géniale c’est qu’on arrive à vivre de notre production et que l’on puisse avoir des conditions de travail qui sont bonnes. Que les gens acceptent les spectacles c’est important parce que il faut se confronter au public qui regarde. Mais, tout le reste je ne comprends pas ». De formation classique, Maguy Marin aura fait partie des pionnières de cette génération, convaincue d’une nécessité : se dégager des impératifs et des conventions spectaculaires pour inventer une autre façon d’être en scène. Pour donner à la danse un autre sens que le divertissement, la virtuosité ou la seule beauté du geste.

Caractéristique du courant de la Nouvelle Danse française des années 1980, ‘May B’ est alors à contre-courant des goûts contemporains, la tendance étant à l’abstraction américaine dans le style postmoderne de Trisha Brown » précise encore Céline Laflute. « May B’ s’est paradoxalement monté dans la fulgurance alors même que le projet d’un spectacle autour de Beckett germait depuis une décennie dans l’esprit de Maguy Marin. Il faut rappeler que la lecture de Beckett est très à la mode dans les années 1980 et en cela, la chorégraphe s’inscrit dans son époque. Outre la question des textes et de la musique, la rencontre de Beckett et Marin en 1981 met en évidence une authentique relation d’écoute. Pourtant friand de didascalies cadrant au plus près la mise en scène de ses oeuvres, Beckett ne formulera qu’une seule injonction à la jeune artiste : que son travail d’adaptation chorégraphique fasse prévaloir la liberté ». May B, hommage à Beckett devenu emblématique de la danse française contemporaine, est à voir ou revoir !
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source: opera-lillefr

May B sets in motion the parade of a drifting human condition with the invention of an abrupt theatrical language that transforms the ridiculous, the violent and the distressing in situations. The dance’s power comes from its capacity to represent the mystery of our presence in the world. Created in 1981, May B is a major reference now in the history of dance, and its power to shock has not decreased with the years.
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source: sescsporgbr

Segundo Maguy Marin, coreógrafa e diretora artística da companhia, o palco é parte do mundo, não um lugar para o entretenimento. “Os artistas precisam se conscientizar de sua responsabilidade, confrontar o horror e a violência com o pensamento independente. A dança desafia-nos a trabalhar para a idéia da liberdade”, diz a dançarina.

Em um palco cercado por cortinas de tiras plásticas coloridas, oito dançarinos entram e saem repetidamente, se encontrando brevemente. Alguns caem e são arrastados, retratando o horror das ruas. A ação, aparentemente simples, evoca jogos de poder e a indiferença ocasional ao massacre rotineiro.

A Companhia

Criada por Maguy Marin e Daniel Ambash em 1978 como o Ballet-Théâtre de lChr(39)Arche, a companhia conquistou vários prêmios na competição internacional de coreografia em Nyon (1977) e em Bagnolet (1978). Contando com o apoio do Ministério da Cultura e da Comunicação desde 1979, já criou mais de trinta espetáculos de dança que foram apresentados na França e no exterior.

O espetáculo MAY B – maior trabalho de Maguy Marin – foi inspirado no mundo de Samuel Beckett. A companhia conta com o apoio regular da Association Française dChr(39)Action Artistique desde 1978 e já se apresentou na Argentina, Brasil, Alemanha, Itália, Japão, Estados Unidos, Grécia, Israel e Tunísia.
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source: impulstanz

French choreographer Maguy Marin has put the utter absurdity of human life into ten characters who ply their dreadful trade on the stage of her classic piece ‘May B’. An emotionally charged dance piece from 1981 after texts by Samuel Beckett, filled with tenderness, fear and turmoil.